Les sages-femmes manifestent.
Ce qui m’étonne, c’est qu’elles aient attendu si longtemps pour le faire.
C’est la cousine à ma belle-mère qui a mis tous mes enfants au monde, le premier à domicile, les autres dans des cliniques. J’étais chouchoutée. Elle venait me voir tous les jours et pour le premier, m’apprenait à m’occuper du bébé. Elle surveillait son poids et son alimentation la première année.
J’ai eu une voisine qui avait choisi un médecin. Celui-ci passait la tête par l’ouverture de la porte de notre chambre pour lui dire : « Je viens de passer au bureau, j’ai vu que tout allait bien ». La jeune maman était surprise qu’on s’occupe si bien de moi.
Cela s’est gâté petit à petit. Un médecin a racheté une clinique, et interdiction pour les sages-femmes privées d’y envoyer leurs clientes.
Puis, il a été décidé que les certificats de grossesse devaient être faits exclusivement par des gynécologues. J’ai dû aller à l’hôpital pour ma dernière et le médecin était en colère parce que je refusais d’accoucher par ses soins.
Petit à petit, les sages-femmes sont devenues des employées subalternes. Elles font tout le travail dans 70% des cas. Le docteur remplit les papiers et touche les honoraires. Les cabinets de consultation sont surchargés et les futures mamans doivent faire un grand nombre de kilomètres pour se rendre à la clinique, où d’ailleurs on les garde de moins en moins longtemps.